Olim meminisse

Forsan et hæc olim meminisse juvabit - Virgile (Enéide, I, 203)
Belgique Challenge AZ 2022 Chroniques familiales

« Imancipé et hors de toute manbournerie » : étude d’un acte de mise hors de pain

La mise hors de pain est l’émancipation des enfants hors de la puissance paternelle. Elle se pratique dans la coutume de Mons soit de fait, de par le mariage, soit de droit, par acte de mise hors de pain passé par devant les échevins de la ville où résident les parties. Cet acte donne aux enfants leur capacité juridique et leur permet de passer contrat et obligation en leur nom. Elle s’accompagne concrètement le plus souvent du départ des enfants de la maison familiale.

Les archives de l’échevinage de Jemappes conservent une très belle collection de ces actes pour la période 1703-1795. Ces actes ont été numérisés et sont accesibles via le site FamilySearch sous la catégorie Public Records dans la collection Registres de l’administration communale.

Ils permettent de compléter l’histoire de la famille de Martin Capiau. Veuf d’Elisabeth Randour et sur le point de se remarier avec Robertine Quévy, Martin Capiau a satisfait à la coutume en acquittant sa dette de formorture envers ses trois enfants, Jean-François, Jean Joseph Noël et Marie-Philippe le 23 avril 1744. Il complète ces formalités le surlendemain en émancipant ses enfants encore en sa puissance, en les mettant hors de son pain.

Marie Philippe usera de sa toute nouvelle capacité de passer contrat en épousant Michel Sturbois le 27 mai 1744.

Illustration : le départ de l’enfant prodigue par Jan Miense Molenaer 1630 –  Netherlands Institute for Art History

2 Comment

  1. Très belle expression, très imagée.
    Elle me fait penser à celle, rencontrée en Anjou, qui n’a rien à voir mais qui est également très expressive : « Chercher sa vie » pour « Chercher son pain ».
    On aimerait boen savoir quelles « diverses considérations » ont conduit à cette émancipation …
    Bravo pour cette très belle présentation.

    Françoise – Feuilles d’Ardoise

    1. Dans ce cas de figure, il s’agit d’une émancipation « normale » concernant des enfants majeurs alors que leur père s’apprête à fonder un nouveau foyer. C’est une pratique quasi systématique, qui fait écho à la séparation très marquée entre les différentes communautés familiales (les enfants du premier lit n’héritent pas sur la communauté des biens du second mariage, la puissance du beau-père sur les enfants mineurs de sa femme s’éteint avec le décès de celle-ci etc).

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